MindStorms NXT - L’histoire du développement

, par  Didier ENJARY

L’article qui suit est une traduction partielle de celui paru sur Wired.

Il vous conte l’histoire de l’implication de fans adultes dans le développement du nouveau MindStorms.

Le courrier électronique en provenance du Danemark ne faisait que quelques lignes : « Nous souhaitons vous proposer une collaboration, mais nous ne pouvons vous en dire plus avant que vous ayez signé un accord de confidentialité ».

Steve Hassenplug, ingénieur logiciel de Lafayette dans l’Indiana, aurait pu comprendre qu’il s’agissait plus qu’une simple enquête consommateur. Il a bien deviné que cela avait quelque chose a voir avec les MindStorms. Après tout il est un maître de la brique programmable comme le prouve son robot LegWay et il est plutôt reconnu comme tel dans la communauté MindStorms.

Mais voila, les produits MindStorms semblait avoir été abandonné par la société LEGO depuis la dernière version datant de 4 ans. Intrigué, Hassenplug approuva le protocole de confidentialité, reçu un mot de passe pour intervenir sur un forum de discussion privé. Même la il ne trouva pas plus d’informations officielles, juste trois autres amis qu’il avait pu rencontrer à BrickFest, la convention annuelle des fans de LEGO : John Barnes, David Schilling et Ralph Hempel. Evidemment ils spéculèrent rapidement qu’ils allaient participer à un beta testing de la prochaine mouture du MindStorms.

Après quelques jours sans aucune nouvelle, Søren Lund, le directeur de Mindstorms, pris part à la conversation et leur fit savoir que le développement du nouveau MindStorms débutait à peine et qu’il n’avait même pas un prototype à leur présenter. Plus que des beta-testeurs, il souhaitait les impliquer très tôt dans le développement, comme se le rappelle Barnes, ingénieur électronicien de Holland Patent. Durant les 11 mois qui suivirent les 4 fans s’impliquèrent entièrement dans le développement du produit, sans être payé.

Une telle loyauté n’est pas inhabituelle parmi les fans de MindStorms qui ont fait le succès de ce produit dès ses débuts en 1998 : En 2002, il se vendait 40.000 unités de la version 2.0 à plus de 199 dollars sans aucune publicité, faisant de lui le best seller de tout les temps pour LEGO.

Lund décrit le nouveau NXT, avec ses pièces que les fans appellent « studless » (sans tenons) : « Nous le voulons moins mécanique et plus humain ». LEGO veut aussi créer la sensation autour de son nouveau produit et cela veut dire faire plus que juste une nouvelle version. Le MindStorms était trop complexe et une enquête montra que 70% des possesseurs sont des adultes. Le nouveau est plus simple grâce notamment au langage de programmation plus intuitif.
Le port de communication était infrarouge et ne fonctionnait pas idéalement. Il sera remplacé par une prise USB et la technologie BlueTooth.

Mads Nipper, vice président de LEGO, se souvient que lors de la sortie du premier MindStorms, très rapidement des fans avait percé ses secrets. Il s’en suivit que les fans créèrent leurs propres outils pour le MindStorms dont un système d’exploitation (LegOS) et un langage de programmation (NQC). LEGO perdait la propriété de son produit et se demandait comment il devait réagir face à ces « hackers ». La protection des droits est une priorité chez LEGO nous dit Nipper. Après quelques mois d’attente pour voir comment cela évoluait, LEGO conclut que c’était sa mission de favoriser la curiosité et l’ingéniosité. De plus les « pirates » du MindStorms créaient du business autour du produit en offrant gratuitement des outils pour celui-ci comme par exemple ces 40 bouquins qui traite du MindStorms.

Les 4 beta-testeurs ont simplement poussé plus loin cette coopération. Mais comment furent-ils choisis ? C’est grâce aux listes de diffusion et aux sites web que Lund sélectionna 20 noms puis 5. Un ne répondit pas.
John Barnes se souvient que la première chose qu’on leur demanda fut le secret le plus total à cause des concurrents mais aussi parce que LEGO souhaitait faire du lancement du NXT un véritable évènement.

Puis on demanda aux beta-testeurs ce qu’ils attendaient du NXT. Moins d’une demi-heure après, un mail de 4 pages en faisait le détail. Ralph Hempel est connu pour avoir écrit le pbForth, un puissant programme compatible Mac et Linux pour le RCX. John Barnes, créateur de HiTechnic, fabrique des détecteurs. L’équipe LEGO était très impatiente d’avoir des commentaires de la part de ces gens.

En avril 2005, Hassenplug et Schilling se rendirent à Billund pour un concours de Mindstorms. Ils restèrent un jour de plus pour voir le prototype du NXT au centre de recherche. Hassenplug n’était pas satisfait par le caractère « studless » de l’assortiment de pièces car elles ne permettent pas de faire des montages simples et solides à la fois. Il proposa de produire une nouvelle pièce pour faciliter ce type de construction...et elle fut mise en production.

Bien sur LEGO ne donna pas toujours raison aux beta-testeurs. Par exemple, la demande d’une alimentation externe fut rejetée. Ils devaient aussi comprendre qu’il y avait un budget à respecter.

Les beta-testeurs ne revirent par l’équipe LEGO MindStorms avant août lors de BrickFest à Washington. Durant toute la convention, ils ne dirent rien, pas même bonjour à Lund de peur de dévoiler le secret. Les beta-testeurs ne reçurent aucune rémunération sinon celle d’avoir eu le plaisir de participer de manière décisive au développement d’un produit qu’ils aiment. Lund demanda à Barnes pourquoi il faisait tout cela. Il répondit simplement « Si cela avait été une autre société que LEGO, je ne serais pas là ». La joie d’apprendre ensemble, de participer à une communauté créative conduit les gens à partager avec générosité leur temps. Après cette rencontre avec quatre des plus passionnés de MindStorms, Lund souhaite que chaque client NXT puisse avoir un effet dans la conception et l’utilisation du MindStorms à travers un site d’échanges de programmes et de créations.

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